lundi 29 avril 2013

Concevoir la ville pour vivre le temps 2013, 10ème rencontre franco-suisse des urbanistes


Concevoir la ville pour vivre le temps 2013

10ème Rencontre franco-suisse des urbanistes

Lausanne (Université de Lausanne) – vendredi 5 juillet 2013



Théme de la journée

Aujourd'hui, de multiples temporalités urbaines, générées tant par la ville elle-même que par ses résidents, interfèrent avec l'organisation du territoire. Ainsi, le temps et l'espace se combinent pour modeler nos métropoles et ont fait naître de nombreux concepts tels que chronoaménagement, accessibilité, proximité, banques du temps, maison des temps, etc.
Penser la ville, c'est se confronter aux "prescripteurs de temps" qui l'habitent et à la pluralité des temps sociaux qui la régissent. Ainsi, concepteurs et gestionnaires doivent s'approprier les différents rythmes urbains afin de créer l'espace nécessaire à la synchronisation des temps individuels ou collectifs.


Au cœur du débat sur le projet urbain se posent les questions de la qualité du temps perçu et de l'intensité du temps vécu. Cependant, à l'heure de la ville connectée, l'ère du "tout en même temps" n'est-elle pas venue? L'enjeu de la "ville hors ligne" ne préfigure-t-il pas la révolution temporelle de demain?


Programme provisoire

Concevoir la ville pour vivre le temps


Concevoir la ville pour vivre le temps 2013

10ème Rencontre franco-suisse des urbanistes

Lausanne (Université de Lausanne) – vendredi 5 juillet 2013



Théme de la journée

Aujourd'hui, de multiples temporalités urbaines, générées tant par la ville elle-même que par ses résidents, interfèrent avec l'organisation du territoire. Ainsi, le temps et l'espace se combinent pour modeler nos métropoles et ont fait naître de nombreux concepts tels que chronoaménagement, accessibilité, proximité, banques du temps, maison des temps, etc.
Penser la ville, c'est se confronter aux "prescripteurs de temps" qui l'habitent et à la pluralité des temps sociaux qui la régissent. Ainsi, concepteurs et gestionnaires doivent s'approprier les différents rythmes urbains afin de créer l'espace nécessaire à la synchronisation des temps individuels ou collectifs.


Au cœur du débat sur le projet urbain se posent les questions de la qualité du temps perçu et de l'intensité du temps vécu. Cependant, à l'heure de la ville connectée, l'ère du "tout en même temps" n'est-elle pas venue? L'enjeu de la "ville hors ligne" ne préfigure-t-il pas la révolution temporelle de demain?

Programme 

vendredi 26 avril 2013

40 ans - le périphérique au coeur



25 avril 2013, par Babel Photo
40 ans – Le périphérique au coeur
Luc Gwiazdzinski
 25 avril 1973 / 25 avril 2013 - le périph célèbre ses 40 ans aujourd'hui.

« Dans quelques jours, faire le tour de Paris en voiture sans rencontrer un seul feu rouge ne sera plus un rêve ». C’est en ces termes qu’en 1973, le journaliste vedette Léon Zitrone annonça aux français installés devant leur poste de télévision noir et blanc, l’inauguration du boulevard périphérique parisien. L’anneau de béton a donc quarante ans. Anniversaire oblige : l’infrastructure extérieure s’invite un temps dans les conversations capitales. La marge éclaire le centre et nous invite à dépasser les bornes. Le pas de côté permet l’émergence d’un débat plus large sur la métropole parisienne à différentes échelles, entre compétitivité et solidarité, fluidité et urbanité, développement et besoin de nature. On nous annonce la fin de périphérique et le périphérique n’a jamais été aussi présent.
Chacun d’entre nous, usager, passager, habitant de la zone périphérique, est un témoin de sa vitalité. Avant de l’enterrer, il est temps aujourd’hui d’évoquer son rôle central dans la vie quotidienne de millions de personnes et d’imaginer les futurs possibles à l’échelle de Paris et sa région.

Symbole ambigu
Butte témoin de notre histoire récente, le périphérique est dès son origine un objet urbain paradoxal qui marque à la fois le sommet des Trente glorieuses et le début d’une période de crise permanente dont nous ne sommes jamais sortis. Il est un emblème de la modernité dans un vieux pays nostalgique qui ne croit plus au progrès et aux lendemains qui chantent. Il est aussi le symbole d’une société de la consommation et de l’automobile dont nous avons perçu les limites. Depuis son inauguration par le premier Ministre Pierre Mesmer le 25 avril 1973, son image a bien changé. L’autoroute urbaine la plus empruntée d’Europe est désormais synonyme de nuisances. Artère essentielle et frontière palpable, le périphérique irrigue et ceinture une ville à l’étroit qui rêve d’un avenir métropolitain soutenable. Construit sur les anciennes fortifications, le « périph » qui a succédé aux « fortifs » est très souvent perçu comme une barrière, un mur entre Paris et la banlieue, ceux du dedans et ceux du dehors. Mieux, le périphérique semble un frein aux ambitions d’un Grand Paris qui sait désormais que son avenir est aussi sur les marges, hors les murs. La mise à l’échelle de Paris passe par le dépassement du périphérique, son intégration urbaine et métropolitaine.

Dernière frontière
Depuis quelques temps, on se met à rêver de la frontière coupure en frontière couture. Le périphérique apparait comme une nouvelle terre promise pour une métropole à l’étroit qui veut dépasser les bornes pour réconcilier l’Urbs et la Civitas, ré-articuler la ville fonctionnelle et la ville administrative, améliorer la vie quotidienne des habitants et conserver son rang dans le classement des villes mondes. Après avoir envisagé de limiter la vitesse à 70 km/h, on parle désormais de couvrir le boulevard, d’y installer une canopée solaire voire une exposition universelle qui permettrait d’y développer des services, des équipements et des jardins. Au-delà des discours, les coûts de couverture élevés et la perspective peu attractive d’un parcours de 35 kilomètres en sous-sol semblent condamner à l’avance l’enterrement de première classe du périphérique. L’actualité serait plutôt aux petits tricotages permettant de retisser le lien entre la ville et la banlieue en continuant à profiter par endroit des perspectives métropolitaines. On cherche à estomper l’impact d’une infrastructure essentielle que l’on ne peut faire disparaître en multipliant les liaisons de part et d’autre, en équipant les portions couvertes et en végétalisant. La couverture de la Porte des lilas avec son jardin, son cinéma et son école de cirque est une figure intéressante de ce futur périphérique qui s’esquisse.
Le nouveau jardin Anna Marly avec ses pelouses, ses jardins partagés et ses terrains de sport dans le XIVe arrondissement creuse cette voie. On cherche aussi à tisser des liens sous l’anneau de béton là où le périphérique est suffisamment haut avec par exemple un projet de place publique dans le XVIIe arrondissement. Dans le XIXe, on plante des milliers d’arbres de part et d’autre de l’infrastructure et l’on enchante le projet en évoquant - avec un lyrisme qui rappelle Jean Giono - l’émergence d’une « forêt linéaire ». Ailleurs on réfléchit à de nouvelles passerelles et passages : une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Nous rêvons personnellement que les nuits parisiennes puissent également trouver là un autre lieu de déploiement et d’exténuation à la hauteur des ambitions de la ville lumière, un espace où chacun puisse vivre sa nuit sans réveiller l’autre.

Occasion d’innover
Le périphérique est à l’image d’une société paradoxale, où dans la même journée chacun change d’avis et de costume et exige tout et son contraire. Au moment où l’automobile mute vers moins de nuisances et alors que les réseaux deviennent intelligents, son aménagement est un symbole et un test pour Paris, les communes limitrophes et l’ensemble de la région. Le chantier qui s’ouvre est ambitieux et doit permettre de concilier les enjeux de desserte et les enjeux d’habitation, prendre soin des 300 000 personnes qui passent un peu de leur temps sur le ruban d’asphalte sans oublier les 100 000 personnes qui résident à proximité. Frontière intérieure du Grand Paris qui émerge, le périphérique ne doit pas seulement être perçu comme une contrainte.

C’est une chance pour Paris et les communes d’expérimenter avec l’ensemble de la population de nouvelles formes d’habiter les architectures de la mobilité. Entre ville mobile et ville nature, circuler et résider, le périphérique est un formidable laboratoire, un terrain d’aventure pour une nouvelle ingénierie urbaine, un objet hybride pour un nouvel imaginaire métropolitain. Le périphérique parisien est l’occasion d’esquisser les contours d’une nouvelle « métropolité » entre local et international, habitants et résidents, Urbi et Orbi. Le boulevard périphérique n’est pas qu’un simple ruban de bitume et de béton. C’est un monument, un rite, un symbole qui cristallise les enjeux d’une société en mouvement. Le périphérique est un monde habité. A nous de l’urbaniser.


Luc GWIAZDZINSKI est géographe et le préfacier du livre Périphérique, Terre promise.
Enseignant-chercheur en aménagement et urbanisme à l’Université Joseph Fourier de Grenoble il est responsable du master Innovation et territoire et président du Pôle des arts urbains. Il oriente ses enseignements et ses recherches sur les questions de métropolisation, de mobilité, d’innovation et de chrono-urbanisme. Expert européen, il a dirigé de nombreux programmes de recherche, colloques internationaux, rapports, articles et ouvrages sur ces questions avec l'économiste Gilles Rabin : Urbi et orbi, 2010, l’Aube ; La fin des maires, 2007, FYP ; Si la route m’était contée, 2007, Eyrolles ; Nuits d’Europe, 2007, UTBM, Périphéries, un voyage à pied autour de Paris, 2007, l’Harmattan ; La nuit dernière frontière de la ville, 2005, l’Aube ; La nuit en questions (Dir.), 2005, L’Aube ; La ville 24h/24, 2003, l’Aube (…) /
http://estran-carnetsdetonnement.blogspot.com/

lundi 15 avril 2013

Nuits urbaines : Genève a perdu ses exutoires


Nuits urbaines : Genève a perdu ses exutoires

Interview, Luc Gwiazdzinski, Le Courrier de Genève, 

http://www.lecourrier.ch/106540/nous_sommes_encore_dans_une_democratie_du_sommeil


Avancer la fermeture des bars pour endiguer les nuisances, une bonne solution d’après-vous?

Outre les problèmes de survie des établissements concernés qui se sont adaptés aux horaires de plus en plus tardifs des usagers, les expériences montrent que la fermeture des bars jette des populations importantes dans la rue au même moment sans résoudre le problème. Pire, elles ont tendance à l’amplifier et à créer des points de cristallisation. L’étalement des horaires de fermeture pourrait être une solution plus à même de laisser s’épuiser la nuit et ses consommateurs.

Comment analysez-vous la polémique que cela a suscité à Genève? 

Les tensions qui traversent les nuits genevoises sont révélatrices des mutations plus profondes de nos modes de vie à l’heure de la mondialisation. A Genève comme ailleurs, la nuit est longtemps restée une dimension oubliée de la ville qu’il faut désormais intégrer aux politiques publiques dans des politiques temporelles qui restent à construire.

Cette guerre des tranchées a-t-elle été exacerbée par une pénurie de lieux nocturnes?
 
Très certainement. Avec sa culture des squats, Genève avait sans doute l’habitude des exutoires qui permettaient en partie de concentrer la dynamique des noctambules, de masquer les conflits existant ailleurs. Avec quelques années de retard sur ses consœurs européennes, Genève est en voie de normalisation et a besoin de trouver de nouveaux types d’espaces libres pour canaliser les énergies.

Comment? 

Elle pourrait par exemple profiter des chantiers et lieux en friche ou en transition pour les intégrer dans une politique d’urbanisme temporaire. Plus globalement, il faut intégrer la nuit dans l’aménagement du territoire. Il manque des politiques de planification temporelle.
 

La question du coût de la nuit est aussi intéressante. Ne faudrait-il pas imaginer des activités nocturnes qui ne soient pas payantes? 
Avec un éclairage modulaire, l’ouverture prolongée d’espaces publics comme les parcs, etc. La Ville de Genève a récemment décidé d’allonger les horaires de la police municipale pour mieux appréhender le tapage nocturne. Votre avis?
Cela va dans le sens de l’apaisement et d’une meilleure connaissance de la ville la nuit, à condition de construire une co-évaluation régulière des dispositifs avec l’ensemble des personnes concernées. Car il faut absolument passer d’une approche des «problèmes de la nuit», à celle d’une «politique de la nuit» et des temps urbains. Le droit à la ville devra immanquablement se doubler d’un droit à la nuit.

vendredi 5 avril 2013

Célébrons les 40 ans du périphérique, 19h30, 25 avril 2013 à la Bellevilloise, 19-20 rue Boyer, 75020 Paris

Rendez-vous périphérique,
19h30, 25 avril 2013
à la Bellevilloise, 19-20 rue Boyer, 75020 Paris
Leo Henry
Luc Gwiazdzinski
Collectif Babel
Caroline Perreau
Les Editions h'hartpon
pour la sortie du livre Périphérique, terre promise

http://peripherique.blog.lemonde.fr




Master Innovation et territoire à Grenoble (www.masteriter.fr)


Master Innovation et territoire (ITER)






"Il faudrait que l'homme accroisse sa curiosité 
et accepte la complexité du monde dans lequel il vit" 

Theodore Zeldin, historien anglais, 
Grenoble, 28 mars 2012

> Objectifs et débouchés :

L'objectif de cette formation "Innovation et territoire" est de former des chercheurs et des professionnels (responsables de projet, chargé de mission, chargé d'études, consultant, conseiller...) en aménagement, développement local et urbanisme capables de répondre aux attentes des collectivités, des entreprises ou des associations qui cherchent à développer de nouvelles compétences et à disposer dans leurs équipes de professionnels capables de s'adapter aux nouveaux enjeux, d'imaginer, hybrider, concevoir, créer et développer autrement et avec d'autres au-delà des frontières disciplinaires habituelles (www.masteriter.fr)


> Organisation :

La formation de deux années est construite autour de modules thématiques d'une semaine à quinze jours (cours, séminaires, ateliers, conférences, débats et travaux de terrain) construits en lien avec les associations, collectivités ou entreprises associées. Des stages de 4 mois à six mois sont prévus en France ou à l'étranger. (www.masteriter.fr)

> Programme :

Le M1 comporte les modules suivants : théorie des sciences territoriales ; Introduction à l'innovation territoriale, Innovation, environnement, nature et développement soutenable ; Innovation, temps et mobilités ; Innovation et développement économique ; innovation et gouvernance ; Innovation, art et créativité territoriale ; Innovation et métropolisation ; Méthodologie ; Innovation, tourisme, nature et loisirs (+ stage et mémoire)
Le M2 comporte les modules suivants : Innovation, communication et design des politiques publiques ; Innovation et prospective ; Innovation, imaginaires, planifications et utopies ; Innovation, nature et numérique dans les territoires métropolitains ; Citoyenneté augmentée, qualité et bien-être ; Méthodologie du mémoire et design collectif ; Anglais (+ stage + mémoire et atelier collectif annuel co-produit avec un partenaire du Master).
En seconde année, le Master Innovation et territoire propose également un parcours "Tourisme, Innovation, Transition" et un parcours en langue anglaise "International dévelopment Studies"
(www.masteriter.fr)

> Equipe pédagogique :

L'équipe pédagogique est composée des enseignants et chercheurs suivants : Philippe Bourdeau, Yves Chalas, Marie-Christine Fourny, Luc Gwiazdzinski, Bernard Pecqueur, Olivier Soubeyran, Martin Vanier et une cinquantaine d'intervenants, enseignants, chercheurs et professionnels français et étrangers. Les modules ont lieu à la Cité des territoires à Grenoble, sur les terrains d'étude mais également sous forme de cours et ateliers sur d'autres sites en France et en Europe (Genève, Milan, Tours...).
(www.masteriter.fr)


> Mots clés :

Aménagement, approche sensible, art et ville, cartographie, chrono-urbanisme, culture, développement local, développement économique, développement durable, design des politiques publiques, diagnostic territorial, ergonomie, esthétique, expertise d'usage, frontière, géographie, hybridation, imaginaire, innovation ouverte, métropolisation, mobilité, nature, politiques publiques, qualité de vie, représentations, SIG, temps des villes, tourisme, Urbanisme, ville numérique (...) 

 
> Informations

http://www.masteriter.fr
http://www.ujf-grenoble.fr/formation/diplomes/masters/domaine-sciences-humaines-et-sociales/master-mention-sciences-du-territoire-specialite-innovation-et-territoire-r--218715.htm


> Contacts et inscriptions :

Informations pédagogiques :
Luc.gwiazdzinski@ujf-grenoble.fr


Inscriptions administratives :

Marie-sophie.arcaina@ujf-grenoble.fr (master 1)
nadia.lachkar@ujf-grenoble.fr (master 2)



Luc GWIAZDZINSKI, Géographe


Responsable du "Master innovation et territoire" 

Laboratoire Pacte (UMR CNRS), Université Joseph Fourier, 
IGA, 
14bis, avenue Marie Reynoard
38100 Grenoble France

Tel : 06-43-71-69-44



www.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.frwww.masteriter.fr

On a tout essayé


On a tout essayé

Interview, Luc Gwiazdzinski, Journal Sud Ouest, 27 octobre 2012




Il faut bien l'admettre : l'urbanisme passionne les Rochelais. Et pas seulement la gestion des crottes de chiens et des bordures de trottoirs. La ville a quasiment fait salle pleine, hier, au forum des Pertuis, pour le géographe Luc Gwiazdzinski venu traiter des « mutations urbaines » et de « la ville en mutation ».

Un thème de haute volée sur l'adaptation des espaces urbains, des transports aux nouveaux rythmes de vie. « Il faut avoir une approche chronotropique de la ville, utiliser la clé des temps », avance notamment le Grenoblois. En clair ? 18 % des salariés travaillent régulièrement, ou de temps en temps, la nuit. 54 %, le samedi et 28 %, le dimanche. Et pourtant, commerces, services, transports sont organisés comme si cette population n'existait pas.

En terme de déplacements, on ne peut plus seulement parler de domicile-travail : « Nous avons affaire à une mobilité zigzagante. On ne part pas de chez soi pour aller à son travail. On part de chez soi, on dépose ses enfants à l'école, on s'arrête prendre du pain… On n'est plus dans l'image de Doisneau avec les heures d'embauche et de débauche ».

Se loger, se distraire, travailler, se nourrir : toutes ces actions s'entrecroisent pour former un maillage espace-temps particulièrement complexe. « Et chaque habitant n'utilise, dans son trajet, que 1 % de la ville ».

Luc Gwiazdzinski a donc secoué le cocotier des certitudes sur l'urbanisme de demain. Même si La Rochelle ne s'est jamais vraiment reposée sur ses lauriers. En réinventant, sans cesse, une nouvelle organisation urbaine, elle n'a jamais su réfléchir à un « schéma de cohérence temporelle », tel que l'a défini le géographe en référence au Scot (Schéma de cohérence territoriale). La conférence d'hier devrait permettre aux élus d'élargir leur champ de vision.

Le sens du mandat d'élu
Le maire, Maxime Bono, qui a ouvert le débat, a rappelé les grandes étapes de la « révolution » puis « vélorution » rochelaise : les rues piétonnes, les vélos jaunes, etc. « On a tout essayé. Nous avons raflé tous les prix en matière d'innovations urbaines et nous avons encore, pourtant, beaucoup d'interrogations. » D'où l'idée d'inviter l'une des têtes pensantes de l'urbanisme.

Prévu le 22 septembre, lors de la vraie-fausse journée sans voiture, la conférence-débat avait dû être décalée en raison de l'indisponibilité de l'invité qui put délivrer quelques vérités aux élus. Comme le fait que les électeurs votent où ils dorment, rarement où ils vivent. Un constat qui devrait faire réfléchir les politiques sur le sens de leur mandat.

Extension du domaine de la nuit



Extension du domaine de la nuit

Interview, Luc Gwiazdzinski, Magazine Demain la ville, Bouygues, 15 mars 2013



Avec la révolution numérique, les villes sont frappées d’insomnie. Longtemps réservée au repos, la nuit devient pour les citadins un temps de travail et de fête. Un défi qui oblige les municipalités à redéfinir leur offre de services et repousser les limites du vivre-ensemble.


Dimanche 3 février 2013, 5 heures du matin. Plusieurs centaines de personnes font sagement la queue devant les grilles du Grand Palais. Une affluence digne d’un week-end de printemps, le soleil en moins. D’habitude, à cette heure, seules quelques grappes de jeunes éméchés arpentent le bas de l’avenue des Champs-Elysées. Mais ce dimanche est un jour spécial. Le dernier d’un marathon de 62 heures durant lesquels le musée a ouvert ses portes sans interruption, permettant à des milliers d’oiseaux de nuit d’admirer la rétrospective consacrée au peintre américain Edward Hopper, avant la fermeture définitive de l’exposition.

Visiter un musée la nuit, avec le chuchotement des visiteurs insomniaques pour seul bruit de fond, est une expérience unique mais plus vraiment inédite. Désormais, tous les grands musées proposent des « nocturnes », le soir en semaine ou bien certains week-ends. La nuit tend même à devenir le nouvel espace de sociabilisation autour duquel s’organisent les rendez-vous populaires de la ferveur urbaine (Nuit Blanche à Paris, Nuits Sonores à Lyon, Nuit européenne des Musées, etc.). Mais cette « festivalisation de la nuit » dont parle Jean-Yves Boulin, sociologue et chercheur à l’université Paris-Dauphine, reste un phénomène encore neuf à l’échelle de l’Histoire.

Crèches nocturnes
Même en ville, la nuit a longtemps été l’espace-temps réservé au sommeil. Un moment d’inactivité, de repos social, durant lequel seuls les poètes et les brigands sortent de leur tannière. La vie citadine se calque alors sur les rythmes naturels et l’ensoleillement. Plus tard, les journées sont rythmées par la cloche de l’Église et la sirène de l’usine. Avec les progrès de l’éclairage public, la ville devient plus sûre, donc plus vivante et festive. Au début des années 1990, les habitants des grands centres urbains se mettent à chasser la moindre parcelle de temps libre. Le travail grignote la nuit. Des métropoles internationales comme Tokyo, Londres ou New York, cités verticales et capitales boursières, ne se couchent plus. Les villes plus modestes n’échappent pas non plus à la désynchronisation des emplois du temps. Sous la pression d’habitants demandeurs de nouveaux services nocturnes, notamment en termes de mobilité, les municipalités se saisissent alors du problème. Sans surprise, c’est en Finlande que les premières crèches nocturnes ouvrent leurs portes, dans un pays où, durant une grande partie de l’année, il fait nuit même le jour…

Maire de la Nuit
Pour mieux cerner les nouveaux rythmes urbaines, des municipalités en Europe ouvrent leurs « Bureaux des Temps ». Amsterdam va plus loin et décide, en 2003, d’élire un « Maire de la Nuit » pour faciliter la coopération entre la municipalité et les acteurs de la vie nocturne, qui devient alors un enjeu central du vivre-ensemble. Partout, les élus entendent répondre aux aspirations de leurs concitoyens, mais aussi utiliser la nuit comme un outil de marketing territorial, une opportunité pour rendre leurs villes plus modernes, donc plus attractives. « C’est urbi et orbi (Ndlr : « à la ville et à l’univers ») : il y a toujours à la fois la dimension pratique et la dimension iconique, l’enjeu local et l’enjeu global » explique le géographe Luc Gwazdzinski, responsable du Master Innovation et Territoire à Grenoble (Laboratoire Pacte, UJF). À chaque ville sa stratégie de séduction. Pour attirer les investisseurs, les métropoles anglaises mettent ainsi le paquet sur la night economy, tandis que Barcelone et Berlin préfèrent surfer sur leur réputation de capitales européennes de la nuit pour attirer les touristes. Paris et Genève ont choisi de prendre le temps de la réflexion en organisant, respectivement en 2010 et 2011, des « États Généraux de la Nuit ». Dans la foulée, la cité suisse a créé son « Grand Conseil de la Nuit », un rassemblement de dirigeants d’établissements nocturnes qui s’est donné pour mission de sensibiliser les acteurs locaux tout en réveillant les nuits génevoises. « L’idée est de créer des plateformes mêlant veille, mise en réseau, lobbying et écoute permanente des citoyens sur les questions de vie nocturne » explique Luc Gwazdzinski.

Réconcilier les générations
La nuit a beau étendre son empire, les différentes familles de citadins la perçoivent et la « vivent » différemment. Pour les jeunes, elle rime avec fête et liberté. Pour les seniors, elle est plutôt synonyme de silence et de repos. Souvent, cet espace-temps encore sauvage est donc le théâtre de tensions. Nuisances sonores, pollution lumineuse, violences urbaines… Pour préserver la tranquilité des riverains, les grandes villes françaises ont élaboré des chartes de bonne conduite. À Dijon, le dispositif « Harmonuits » a permis la mise en place d’un comité de médiation citoyen pour faire tampon avant l’intervention de la police en cas de conflit. « Mais il faut encore passer la vitesse supérieure », assure Chantal Trouwborst, la conseillère municipale déléguée aux temps urbains, qui souhaite que les jeunes adultes s’impliquent plus pour faire progresser le vivre-ensemble : « On travaille avec les jeunes et les personnes âgées, majoritaires dans les conseils de quartier. Mais c’est encore difficile d’impliquer les 22-35 ans, qui entrent dans la vie professionnelle et s’occupent peu de la vie citoyenne. Nous devons leur donner envie de se faire entendre. »

Adjoint au Maire de Paris en charge du Bureau des Temps et élu du XIe arrondissement, Philippe Ducloux est sur la même longueur d’onde : « Le tissu associatif est phénoménal, les conseils de quartier font émerger plein de propositions, mais il reste encore beaucoup à faire pour renforcer le dialogue intergénérationnel », explique Mr. Ducloux, qui planche en ce moment sur « l’ouverture nocturne des centres d’animation, notamment dans les XIIe et XIXe arrondissements ».

Impliquer les jeunes dans la vie du territoire : à Rennes, l’idée a fait ses preuves. Pour lutter contre le phénomène de « biture express » dans son centre-ville, la cité bretonne s’est inspirée d’une expérience menée dans la ville espagnole de Gijon. En 2005, elle a lancé « La Nuit des 4 Jeudis », un dispositif qui propose aux 18-25 ans « une autre nuit » à travers une offre de loisirs gratuits et sans alcool. Si le succès est au rendez-vous, c’est parce que la ville a associé au programme les associations étudiantes et les jeunes porteurs de projets culturels.

Sortir de l’archipel
Animal diurne, l’homme n’est pas naturellement armé pour évoluer la nuit dans un espace urbain conçu en priorité pour ses activités de jour. En ville, obscurité rime donc souvent avec isolement. « La nuit, la ville n’est ni plus dangereuse, ni plus libre. Simplement, elle devient une caricature du jour. Tout y est exacerbé. C’est un moment de discontinuité durant lequel la ville fonctionne en archipel, comme un chapelet d’îlots coupés les uns des autres. Nous évoluons alors comme des papillons, attirés par la lumière et concentrés sur quelques espaces » analyse Luc Gwazdzinski, qui organise régulièrement des « traversées nocturnes » dans les grandes villes européennes pour « établir des passerelles entre la ville qui dort, celle qui s’amuse, celle qui se déplace et celle qui travaille ».

Pour faciliter la vie nocturne des citadins et réduire les disparités entre des centres animés et des périphéries éteintes, les municipalités développent leur offre de transports. Les vélos en libre service et les lignes de bus nocturnes sont un premier pas. À Dijon, la ligne « Pleine Lune » passe ainsi par le campus et la plupart des quartiers animés de la ville. Et à Paris, ce sont pas moins de 47 lignes de Noctilien qui permettent aux oiseaux de nuits de rentrer chez eux et aux travailleurs nocturnes de partir au travail, soit 9 millions de voyageurs par an et 31 000 clients par nuit en moyenne le week-end. Un effort important a aussi été fait pour informer les citadins sur l’évolution de la vie nocturne : Bruxelles et Lyon proposent ainsi une cartographie évolutive des lieux et services accessibles de nuit.

Éviter l’uniformisation
Avec la révolution numérique, c’est le téléphone portable qui dicte les emplois du temps, transformant la ville en un espace à la carte. Rivés aux écrans, les Français dorment moins de sept heures par nuit, soit 1h30 de sommeil en moins par rapport aux années 1960. Résultat : le coeur de la nuit, creux dans les activités, s’est réduit à 3h en Europe. Il est désormais compris entre 1h30 et 4h30 du matin, d’après les travaux de Luc Gwazdzinski. Émerge à l’horizon la figure de la ville en continu, vivante 24h/24 et 7j/7. Un mirage ? « Chaque ville a sa propre couleur temporelle. Et c’est grâce à la nuit que chacune d’elle retrouve son identité » estime Jean-Yves Boulin, qui ne croit pas à l’aseptisation et l’uniformisation programmée des métropoles. « Nous évoluons dans un temps numérique mondial, mais notre corps a besoin de temps d’arrêt. Quels sont les garde-fous qui permettront d’éviter la surchauffe ? Voilà une question dont les pouvoirs publics doivent s’emparer. Sinon, le marché le fera à leur place. Sans débat public l’arbitrage se porte sur les plus faibles qui n’ont pas le choix » souligne Luc Gwazdzinski, qui plaide pour que nous fassions de la nuit un laboratoire du vivre-ensemble, un espace de créativité et d’innovation ouverte pour inventer la ville de demain. La démocratisation de la nuit urbaine est en marche.

Nous sommes encore dans une démocratie du sommeil


Nous sommes encore dans une démocratie du sommeil

Interview, Luc Gwiazdzinski, le Courrier de Genève, 2 mars 2013

http://www.lecourrier.ch/106540/nous_sommes_encore_dans_une_democratie_du_sommeil


Sous le coup de l’augmentation des plaintes, 28 bars genevois sont menacés de fermer à minuit. Depuis quand la nuit est-elle devenue synonyme de nuisances en Europe et quelles solutions mettre en œuvre pour appréhender ce nouveau phénomène de société? Entretien avec le géographe Luc Gwiazdzinski.

Le sort des vingt-huit établissements nocturnes genevois menacés par le Service du commerce de fermer à minuit devrait être scellé en début de semaine prochaine. En attendant, la contestation fait rage sur la toile, tandis qu’une manifestation a lieu ce soir entre 22h et minuit sur la plaine de Plainpalais. Genève, comme le reste de l’Europe, fait face au défi de la nuit, entre la nécessité d’offrir une vie nocturne diversifiée et l’impondérable droit au sommeil de ses habitants.
Depuis quand la nuit est-elle devenue synonyme de nuisances et quelles solutions mettre en œuvre pour appréhender ce nouveau phénomène de société? Entretien avec Luc Gwiazdzinski, géographe associé à l’université de Grenoble, dont le nom signifie en polonais «celui qui vient des étoiles». A l’heure de la «ville polychronique», ce chercheur a plus d’un tour dans son sac.

Pourquoi la question des nuisances liées à la vie nocturne a-t-elle pris tant d’ampleur en Europe?
Luc Gwiazdzinski: Nous sommes entrés dans l’ère de la ville polychronique, ou de la cité à mille temps. Et les nuits urbaines des grandes métropoles – au sens de l’arrêt des activités – sont devenues de plus en plus courtes. Le temps des cloches de l’église ou de la sirène de l’usine qui rythmaient nos vies a laissé place au temps pivot du téléphone portable et d’internet.
Comment s’est orchestrée cette évolution?
Par l’économie, qui grignote la nuit comme elle grignote nos autres temps de pause: repas, sieste ou dimanche. Après le temps de la ville de garde puis du by night, la colonisation de la nuit par les activités du jour, a démarré dans les années 1980.
La marchandisation de la nuit a ensuite pris de l’ampleur au début des années 2000...
Oui, lorsque l’activité nocturne est devenue un argument de marketing territorial. En Grande-Bretagne, le concept de Night-time Economy a même été pensé comme outil de renouvellement urbain.
Ce front progresse et devrait nous interroger sur l’émergence et les conséquences d’une société en continu. En Europe, 18% des actifs travaillent la nuit, c’est énorme, et nous dormons en moyenne une heure de moins que nos parents sous l’effet des excitants, de la lumière et de la prolongation du flux médiatique, désormais continu.

Peut-on parler d’une démocratisation de la nuit? 
Clairement. La tendance à rechercher l’excès a toujours existé et la nuit festive est par nature un temps de la transgression. Seulement, elle a longtemps été réservée à une élite et aux artistes, comme une sorte de territoire oublié avec des organisations et des lois propres.

Pourquoi les nuisances qu’elle génère semblent soudain susciter une montée de l’intolérance?
Les gens oublient toujours qu’ils ont été jeunes. On accepte de moins en moins le bruit à mesure que l’on avance en âge alors même que l’on s’est installé en centre-ville. C’est un problème qui a toujours existé, déjà au Moyen-Âge, du temps des charivaris d’étudiants.
Seulement aujourd’hui, les proportions ont changé. La population étudiante a crû. Les interdictions de fumer ont transformé les rues en établissements à ciel ouvert, avec, soit dit en passant, des conséquences intéressantes en termes de lien social.

Et l’augmentation de la consommation d’alcool chez les jeunes?
 C’est aussi un facteur. Les consommations rapides d’alcools forts avec pour but d’accéder très vite à l’ivresse ont contribué à changer le paysage nocturne de nos villes. Incarcérés dans le présent, avec une difficulté à se projeter dans le futur, les jeunes plus que d’autres ont sans doute un besoin accru de jouissance immédiate et à la carte. Pour eux, la nuit est plus que jamais une soupape.

Pourquoi le politique a-t-il du mal à saisir l’importance de l’activité nocturne?
Le pouvoir s’intéresse d’abord à celui qui vote et dort sur place. Nous sommes encore dans une démocratie du sommeil qui ne prend pas en compte l’évolution de nos mobilités et de nos temps de vie. La nuit est longtemps restée un temps mort des politiques publiques. On a pensé nos villes comme si elles vivaient seize heures sur vingt-quatre, cinq jours sur sept et hors périodes de vacances.

Raison pour laquelle on a toujours privilégié des stratégies répressives...
Exactement. Le pouvoir a toujours cherché à contrôler la nuit, car c’est le territoire des complots. Mais les temps changent et les conflits qui émergent la nuit obligent les pouvoirs publics à s’intéresser aux nuits de nos villes, non dans une logique de contrôle et de sécurisation, mais comme un espace de projet qui puisse répondre aux besoins des habitants permanents, mais aussi aux attentes des touristes, des étudiants ou des investisseurs.
Les politiques de couvre-feu pour adolescents mises en place dans plusieurs centaines de villes aux Etats-Unis, et déclinées dans quelques cités françaises, ne semblent pas d’une grande efficacité. Les bagarres rituelles entre CRS et jeunes dans les quartiers périphériques de Strasbourg à la Saint-Sylvestre et lors de la sortie des bars de la fameuse «rue de la soif» à Rennes ont d’ailleurs montré les limites d’une logique d’affrontement.

Les prochaines étapes d’une vraie réflexion politique sur la nuit ?
 Il y a une réflexion à mener sur la localisation de la vie nocturne. On a cru bon de concentrer les établissements festifs en des endroits définis. L’expérience montre qu’il faut éviter cette concentration extrême, car à côté des quelques spots particuliers et intenses, la nuit doit rester plurielle. C’est peut-être ce que nous apprennent les tensions actuelles sur des points précis où la mixité des usages et des populations n’existe pas. En Suisse, le Flon à Lausanne a clairement montré ses limites, après les grosses bagarres qui ont secoué la capitale vaudoise durant deux nuits de mai 2012.

Certaines villes européennes sont déjà en train de chercher des solutions alternatives. Une recette gagnante? 
Il y a autant de façon de réagir qu’il y a de villes confrontées au problème de la nuit. Paris, comme Genève, a organisé des Etats généraux de la nuit. Il en est ressorti l’expérience des Pierrots de la nuit (lire ici) qui constitue une belle alternative à la répression. Plusieurs villes ont mis en place des correspondants de nuit. D’abord développés sur des quartiers périphériques pour faire face aux déserts sociaux que générait la nuit, ils sont déclinés dans les centres animés pour faire baisser la pression.
Des chartes de la vie nocturne ont fleuri dans l’Hexagone. Ont-elles prouvé leur efficacité?
L’intérêt de la démarche est d’assoir à une même table patrons d’établissements de nuit, consommateurs et habitants pour engager le dialogue. Cela contribue souvent à faire baisser les tensions. De nombreuses villes les déclinent désormais généralement à l’échelle de quartiers, comme à Lille, Grenoble ou Strasbourg.
Vous dites qu’on aurait beaucoup à apprendre du reste de l’Europe. De quels exemples en particulier?
Des villes d’Espagne qui ont connu la Movida (mouvement culturel créatif qui a touché l’ensemble de l’Espagne pendant la fin de la période de la transition démocratique espagnole, au début des années 1980, après la mort du général Franco, ndlr) et ses excès, des villes du nord de l’Europe. A Barcelone et dans les Asturies, des services comme les salles de sport municipales et les centres socioculturels ont été ouverts plus tard, pour lutter contre la délinquance juvénile. Dans les villes du nord, comme Helsinki, avec ses longues nuits, on a développé très tôt des services adaptés, en étalant l’offre culturelle, en développant un réseau de transports nocturne, en perfectionnant l’éclairage public, et même en construisant des crèches de nuit!

A Amsterdam, il existe carrément un maire de la nuit. Quelle évaluation en faites-vous?
Amsterdam montre qu’il est possible de prendre soin de la nuit. Le statut de maire permet de maintenir une attention particulière aux questions de nuit dans les politiques publiques, ce qui est encore rarement le cas ailleurs. C’est une façon d’anticiper les problèmes autour d’une plateforme ouverte

Selon vous, il faudrait réhabiliter la figure du veilleur de nuit dans les centres-villes. J’imagine une sorte de steward urbain nocturne soutenu par les commerçants pour maintenir la tranquillité. Le personnage du veilleur, avec sa cape et sa lanterne, est ancré dans le folklore de nos villes. Turkheim, en Alsace, maintient d’ailleurs cette tradition.
Dans les centres historiques, le costume et la posture du personnage contribueraient autant à l’animation qu’à la quiétude publique. On imagine également qu’un personnage capé et son fameux «dormez braves gens» aura un meilleur accueil que celui réservé aux forces de l’ordre ou aux sociétés de gardiennage.